Ils sont parmi nous : 2,5 milliards d’objets connectés entre nos mains, chacun avec leur propre adresse IP : il s’agit principalement de vos téléphones mobiles et de vos ordinateurs portables, mais pas seulement : votre pèse-personne, votre potager, vos clefs de voiture, votre bracelet de sport et votre frigidaire sont déjà ou seront bientôt connectés avec vous et d’autres objets.
Tous les secteurs de l’industrie et des services sont concernés, comme le monde médical et l’énergie, mais aussi les usines et les villes elles-mêmes (smartcity). Marc Andreessen, un des plus influent venture capitalist de la Silicon Valley affirmait dans sa tribune “Le logiciel dévore le monde” publiée dans le Wall Street Journal, que :
« Le logiciel a d’ores et déjà transformé quatre grands secteurs de l’économie : les industries culturelles, la publicité, les médias et la vente de détail. Aucun secteur ne sera épargné. (…) Le fait que les autres secteurs ne puissent être exclusivement immatériels ne change rien à l’affaire. (…) Dans le partage de la valeur entre les activités traditionnelles et les nouveaux maillons logiciels, ce sont les seconds qui se tailleront la part du lion. »
Les prévisions laissent songeur. Le dernier rapport de l’institut américain Idate, publié en 2015, prévoit 80 milliards d’objets connectés en 2020, soit environ 30 par foyers. Deux ans plus tôt en 2013, l’institut Gartner tablait “seulement” sur 30 milliards d’objets connectés en 2020 dont la majorité seraient des produits commerciaux avec une valorisation globale du marché portée à 1,9 trillions de dollars. Les objets connectés incarnent à eux seuls de manière spectaculaire, cette transition vers une nouvelle ère industrielle numérique, avec des bouleversements économiques et sociaux majeurs.
Les objets connectés se retrouvent donc sans surprise au programme de “La Nouvelle France Industrielle” lancé par Jean-Marc Ayrault et Arnaud Montebourg en 2013. La Cité de l’Objet Connecté à Angers, inaugurée en juin dernier, est directement issue du travail de l’une des commissions du programme, menée par l’industriel Eric Carreel (Sculpteo, Withings).
Aujourd’hui inauguration de la #CitéDeLObjetConnecté à Angers. Plus d’info et itw d’E.Carreel http://t.co/39WKTiUhGd pic.twitter.com/LTlarC8EL9
— La French Tech (@LaFrenchTech) 12 Juin 2015
Nouveaux métiers, nouvelles formations
Leur potentiel disruptif et leur croissance exponentielle engendrent un gisement de nouveaux métiers et la transformation, en premier lieu, des PME industrielles qui pourraient être les premières à souffrir de ces changements si elles ne s’acculturent pas dès maintenant à ces nouvelles technologies numériques, face au danger de devenir de simples sous-traitants mécaniques.
Dans un réseau de dirigeants d’entreprises comme les clubs d’APM (Association pour le Progrès du Management), les discussions sur le sujet font mouche et mènent souvent à passer les portes des FabLabs, ces nouveaux tiers-lieux où il est possible de se retrouver en dehors des habitudes hiérarchiques et des cloisonnements propres à l’entreprise ou aux écoles. Ils permettent d’innover et de créer ensemble, de travailler autrement en croisant des compétences et des profils différents pour s’initier – entre autres – à l’internet des objets, en mettant véritablement les mains dans l’électronique et le code.
Ces nouvelles manières d’apprendre et d’innover permettent d’ores et déjà de forger des liens entre métiers artisanaux et numériques. Le 30 juin dernier à Nantes, le palais des congrès accueillait le congrès national des Maisons Rurales Familiales et nous présentions à cette occasion une oeuvre florale connectée qui actionnait des brumisateurs à chaque tweet publié avec le hashtag de l’évènement : #CongresMFR. Cet objet connecté à la croisée de l’artisanat d’art et du numérique a nécessité trois semaines de travail pour quatre apprenties fleuristes et notre équipe du FabLab zBis, dont un électronicien et un designer.
L’arbre connecté : une première mondiale qui se déclenche à chaque utilisation du hashtag #congresmfr ! pic.twitter.com/pHIaLGRape — MFR RéussirAutrement (@UNMFREO) 3 Juillet 2015
L’autre conséquence de ces technologies disruptives sont les changements en cours dans le domaine de l’éducation et de la formation. Si les FabLabs constituent un réseau d’ateliers accessibles à tous (du novice aux professionnels), les universités quant à elles, ont réagit en intégrant des modules “IoT” à des cursus informatiques existants ou validables en formation continue par un Diplôme Universitaire.
C’est notamment le cas de la Licence Professionnelle Développeurs web & web mobile de l’Université de Cergy Pontoise dont Emmanuelle Roux et Laurent Ricard ont la responsabilité pédagogique depuis sept ans. Ils ont fait le choix, dès 2012, d’ inclure cette spécialité dans la licence pro et de créer un Diplôme Universitaire « Comprendre et créer l’internet des objets », soit 120h de formation (continue) “IoT”.
Les objets connectés sont l’affaire de tous, les discussions sur le sujet sont riches et complexes, pas seulement sur les thèmes de l’industrie, de l’économie, de l’éducation, ou sur les bouleversements sociétaux qu’ils engendrent, mais également sur le plan technique, cognitif et philosophique.
Vous êtes invités à créer vous-mêmes des objets connectés par l’équipe de notre FabLab zBis qui sera délocalisé à l’occasion de ces vacances d’été au Potager Extraordinaire de la Mothe-Achard du 20 juillet au 2 août. D’autres évènements de culture numérique ont lieu en France et à l’étranger pendant tout l’été, listés ici par le site Makery.
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Crédits photo sous licences CC: photos des ateliers de l’Oeuvre florale connectée par Matthieu Chatry pour zBis